Trop écouter ses clients, un frein à l’innovation?

CHINE-2010

Une étude très inspirante met en lumière une règle fondamentale pour innover: il faut être à l’écoute des besoins latents des personnes. Paradoxalement, il faut parfois cesser d’écouter ses clients si on veut parvenir à créer des objets ou des services en rupture avec nos habitudes.

Tout d’abord, l’étude de McKinsey commandée par le dernier Sommet international des coopératives  et qui s’intitule McKinsey on Cooperatives. Dans cette étude, McKinsey a comparé la croissance des grandes coopératives à celle des grandes entreprises cotées en bourse de 2005 à 2010 selon trois critères: l’acquisition de parts de marché, les fusions et acquisitions et ce qu’elle appelle le portfolio momentum, la capacité d’une organisation à croître dans un secteur, une région ou un segme
Ainsi, les grandes coopératives performent mieux que le privé dans l’acquisition de nouvelles parts de marché dans ses marchés traditionnels, mais elles sont deux fois moins efficaces à saisir les opportunités que le privé, toutes industries confondues. Et cela s’explique en partie parce qu’elles sont trop tournées vers donner une réponse aux attentes de leurs membres. Or si l’adaptation aux attentes des clients et des membres est essentielle à tout acteur qui veut maintenir sa position concurrentielle dans son marché, l’innovation est la clé qui permet de devenir leader dans un secteur, une région ou un segment de marché en forte croissance.nt de marché en forte croissance (marchés émergents, online, etc.)

Et cette orientation nuit à la recherche et à la découverte des besoins latents et non exprimés par ses clients et ses membres.

En 2007, les technologies d’écran tactile étaient répandues, mais Steve Jobs et Apple ont été les seuls à prendre le temps d’observer et d’écouter attentivement les consommateurs et leurs frustrations. Le iPhone constituait une rupture avec son époque. « Un objet ridicule! » affirmait le pdg de BlackBerry, Jim Balsillie, à sa sortie en 2007. On connait la suite…

L’usine 2.0: une révolution déjà en route

Chris Anderson, l’auteur à l’origine des concepts de Long Tail et de Freemium, vient de publier un essai sur l’impact des nouvelles technologies sur la production industrielle aux prétentions toujours aussi modestes: Makers: The new industrial revolution. Encore une fois, Anderson ne réinvente rien, mais il lui donne une jolie touche marketing (en prenant le crédit au passage…).

Wikispeed: une voiture exceptionnelle conçue en co-design

Son essai reprend à peu près ce que Michel Bauwens de la Fondation P2P pour Peer Production, Peer Governance et Peer Property nous racontait il y a dix jours dans le cadre d’une présentation à l’école des communs, un événement organisé par Communautique et Remix biens communs.

Néerlandais francophile, M. Bauwens soutient que nous sommes à la fin d’une époque et que vivons un changement fondamental de logique productive aussi important que celui du passage de l’esclavage au servage à la fin de l’empire romain et du servage au travail, conséquence du passage du Moyen-Âge à l’ère industrielle.

À preuve, le projet de développement d’une voiture en co-design appelée Wikispeed. Cette voiture sport modulaire peut accélérer de 0 à 60 km/h en 5 secondes, ne consomme que 2,1 litres aux 100 km, dispose d’une carrosserie biodégradable et elle ne coûte que 24 000 $ à produire. Et surtout, elle a été développée en un temps record (trois mois) en mode « agile » par une équipe distribuée un peu partout dans le monde, un procédé appelé « extreme manufacturing« .

On applique les principes du logiciel libre au développement manufacturier: pas de capital financier, propriété partagée, valeur demeure dans la sphère publique et elle est créée par le partage des connaissances. Ce changement de logique productive est inévitable, dit-il. Toute organisation qui opte pour une philosophie de design libre (open design) ne peut que remporter la palme de la compétitivité.

Le changement se vit sous nos yeux. Mais qui en profitera? Les entreprises qui risquent d’en prendre le contrôle? Les sociétés publiques qui sauront l’exploiter pour le bien commun?

Ou, comme le souhaite M. Bauwens, les entreprises coopératives et d’économie sociale qui intègrent déjà le fonctionnement collaboratif et coopératif? Disons qu’il y a loin de la coupe aux lèvres…

Les Québécois plus branchés que les Français

Quelques chiffres ce matin qui nous rappellent que les Québécois ont encore une avance sur les Français en ce qui a trait à l’utilisation d’Internet (vieille rengaine populaire de la fin du XXe siècle ;-)).

Nombre d’internautes actifs à domicile: 57,4% en France contre 72% au Québec.

Pénétration du haut débit: 19% de la population totale en France contre 57% au Québec.

Pénétration du haut débit dans les foyers ayant Internet: 74% en France contre 86% au Québec.